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21 avril 2008 1 21 /04 /avril /2008 08:08

Quand Pierre était à la maison, Claire se comportait comme une adolescente tachant de séduire son professeur. Pierre s’en amusait. Leur jeu provoquait en moi une colère sourde. J’aurais dû me réjouir , ma sœur sortait de sa léthargie. Le ménage t les corvées quotidiennes n’étaient plus ses seules priorité.

Elle était gaie. Et, je me sentais si triste.

 

                        Pierre était naturellement aimable, et , ce qui ne gâtait rien, il était beau à en trembler. Claire et lui étaient très complices. Souvent, l’un commençait une phrase que l’autre finissait. J’avais la désagréable impression que leurs propos étaient couverts de sous entendus . Ils devaient se voir dans la journée. En y pensant, j’avais comme une boule au creux de l’estomac. j’avais tellement peur que Claire souffre encore et se referme un peu plus loin dans sa coquille.

 

                        En un peu moins de deux mois, Claire s’était découvert une soudaine passion pour le shopping. Ainsi, chaque samedi matin, délaissant aspirateur et autres complices de toujours, elle m’attendait impatiemment pour aller faire les courses. Pendant que j’arpentais les rayons d’alimentation, elle furetait dans les rayons vêtements et produits de beauté et se posait au coin librairie, feuilletant des ouvrages sur l’histoire de l’art en général, sur la peinture en particulier avant de dénicher celui qui la plongerait dans l’univers de notre voisin.

Quand je rentrais du travail et que c’était un-soir-sans-Pierre, je la trouvais assise dans la salle de séjour, rêvassant. Ses livres devant elle.

De fourmi , Claire devenait cigale.

Alors qu’elle ne regardait plus à la dépense pour s’offrir ce qu’elle aurait appelé, quelques semaines auparavant, des attrapes –nigaudes, des placébos pour midinettes, elle délaissait de plus en plus son travail de secrétariat à domicile, et ses différentes commandes s’empilaient négligemment sur le bureau.

 

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1 mars 2008 6 01 /03 /mars /2008 16:08

Pierre était peintre. Il commençait à jouir d’une certaine notoriété. Impossible de savoir si cette reconnaissance était due à son talent ou à « sa double vie », comme il aimait la définir. Sachant user de son charme, il était parvenu à être un invité incontournable des soirées de la bonne société. Paradant au bras d’une personnalité en vogue ou chevalier servant de belles dames fortunées.

Il avait réussi à monter quelques expositions où tout ce beau monde se pressait avec intérêt. A moins que ce ne fut par snobisme.

Pierre avait réussi à se vendre ; Il venait même de signer avec une galerie parisienne renommée, contrat qui lui assurait aussi une exposition à Londres et à New York.

 

                        Seulement, il lui fallait à nouveau peindre. S’éloigner de toute cette sphère mondaine. Retrouver l’essentiel.

L’artiste avait besoin de se ressourcer, d’aller puiser dans les forces de la nature, dans les secrets du ciel pour créer.

 

Il reviendrait triomphant début janvier.

Il avait préparé sa retraite en cultivant le mystère.

L’artiste s’imprégnait d’émotions et de vibrations dans les soirées et les rencontres, mais c’est dans la solitude qu’il pouvait leur donner vie.

Toutes ses relations l’avaient compris, et fiers d’être dans les secrets du peintre, attendaient impatiemment de découvrir ses nouvelles œuvres pour retrouver, peut-être, une trace d’eux-mêmes.

Il lui fallait s’isoler de toutes ces futilités et revenir dans la réalité pour la sublimer.

Voilà pourquoi il avait choisi cette maison.

 

                        Claire était subjuguée. A mesure que Pierre nous racontait sa vie, le visage de ma sœur passait par toutes les formes d’expression.

Elle jouait même les coquettes. Passant ses doigts dans ses cheveux, ramenant les mèches, tombées de son chignon, derrière ses oreilles. Doucement. Presque sensuellement.

Son attitude me mettait mal à l’aise. Il me semblait être en présence d’une inconnue.

 

                        Une dizaine de jours après son arrivée, Pierre dînait avec nous un soir sur deux. Ces soirs là, Claire fredonnait en préparant le repas.

 

                        Claire avait abandonné son sacro-saint chignon, qui lui assénait dix ans de plus, pour une sage queue de cheval, puis elle a renoncé à attacher ses cheveux. Elle les laissait tomber sur ses épaules, apprenant, chaque jour, à les faire voler d’un geste gracieux de la main ou d’un coup de tête délicat.

 

                        Je n’avais jamais vu Claire ainsi. Elle était autre. Je n’avais jamais vu Claire avec un homme. Hormis, Papa. Nous vivions quasiment à huis clos depuis quinze années. Je n’avais jamais vu Claire avec personne d’ailleurs. Même quand elle travaillait encore à l’extérieur, elle n’a jamais amené de collègues à la maison. Je n’en ai même jamais entendu parler.

Ah si ! Je me souviens de Frédéric. Il me semble même qu’ils étaient fiancés, ou presque.

C’était avant l’accident.

Avant que Papa et Maman ne soient emportés brutalement.

Avant qu’elle ne se retrouve à vingt deux ans, responsable légale de sa petite sœur, de dix ans sa cadette.

Avant qu’elle ne soit obligée d’abandonner ses rêves.

A ma connaissance, Frédéric n’a plus jamais donné signe de vie. Banal.

J’ai su par un bonne âme qu’il avait une bonne situation et une charmante épouse. Il doit aussi, avoir de beaux enfants…

 

 

 

 

 

 

 

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12 février 2008 2 12 /02 /février /2008 23:25

            Après plusieurs coupes de champagne, Claire invita Pierre à se joindre à nous pour le dîner.

Elle nous a joué le grand soir.

Elle a ressuscité la belle nappe en dentelles de Maman. le service de porcelaine et l’argenterie ont été sortis des placards où ils dormaient depuis quinze ans.

Quinze ans que personne n’était venu manger à la maison…

Claire avait dressé une jolie table. Celle des dimanches où l’on recevait. Celle des fêtes.

Je me souviens que j’étais mal à l’aise quand nous mangions dans cette vaisselle. Je craignais toujours d’ébrécher ou de casser ce petit trésor. Et les couverts étaient si lourds…

Le lendemain, j’aimais beaucoup aider maman à essuyer et  ranger l’argenterie. Je ne me  lassais pas d’admirer les piles d’assiettes et les verres en cristal dans le buffet.

Nous ne sortions pas cette belle vaisselle souvent. Uniquement pour les grandes occasions. Quand la vieille tante de Papa venait. Elle était la seule famille qui nous restait. Elle avait d’ailleurs participé grandement à la fête du mariage de nos parents. Il me semble même me souvenir que ce magnifique trousseau de vaisselle était sien et qu’elle leur en avait fait cadeau. Un bel héritage qui nous racontait un peu l’histoire de notre famille.

Selon les amis que nous recevions, le service demeurait ou non dans le placard. Papa n’aimait pas afficher ses biens.Cela aurait pu être mal perçu par certains collègues et amis.

Toutefois, quels que soient nos invités ces jours-là, le beau service trônait toujours sur la table pendant les fêtes de fin d’année.

C’est pour cela, sans doute, qu’il sentait Noël… L’ambiance chaleureuse, la joie d’être réunis, de partager…

Allez savoir pourquoi, Claire d’ordinaire si méfiante et hostile, s’est montré ce soir là, si enjouée et si hospitalière…

 

                        A nous entendre parler de tout et de rien, on aurait pu croire que nous étions amis depuis une éternité. Sans doute le champagne.

Claire discutait, questionnait, s’étonnait, riait même !

Quand l’avais-je entendu rire auparavant ?

 

                        Il était tard quand Pierre se décida  à rentrer chez lui. Claire était curieusement gaie et paradoxalement, je me couchais avec un sentiment de méfiance. Une appréhension. Mon cœur tapait fort dans ma poitrine, battant dans mes oreilles, m’envoyant des mini-flashs dans les yeux.

 

                        J’aurais peut-être dû écouter cette petite voix qui me murmurait :

« -Attention… »

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18 janvier 2008 5 18 /01 /janvier /2008 13:53
Après trois bonnes heures de corvées que ma sœur m’avait réservées, je m’étais installée sur une chaise longue, avec un livre acheté le matin. Je n’avais lu que quelques lignes que j’avais oubliées. Derrière mes lunettes de soleil, le livre n’était que prétexte à observer discrètement ce qui se passait dans la maison voisine. Cette petite ruse me permettait de me cacher davantage de Claire que des nouveaux arrivants. Nos deux maisons étant séparées par quelques bons mètres ! 

Apparemment, il n’y avait plus de va-et-vient . Les fenêtres étaient grandes ouvertes. Cela faisait des années que cette maison n’avait pas respiré. L’intérieur devait empester le renfermé, bien plus que le parfum de violette de Mademoiselle Mildieu. Elle avait été si gentille avec nous, que j’avais eu beaucoup de peine quand elle nous avait quitté. La vieille dame s'en était allée pendant son sommeil. Une belle mort, comme ils ont dit au village. Depuis que ses petits neveux étaient venus vider la maison, plus personne n’en avait ouvert la porte. A part peut être, pour la faire visiter à quelques rarissimes acheteurs potentiels. Difficile de vendre une vieille maison perdue au fond d’un chemin sans issue, dans un petit village distant d’une bonne demi-heure en voiture de la ville la plus proche. Quelle lubie avait poussé cet homme à venir s’installer dans cette vieille bâtisse, au fond de nulle part. J’aurai tant aimé partir d’ici, moi ! Le camion s’en allait et j’essayais de distinguer combien de personnes restaient à la maison quand Claire m’interpela : 
« - Flo, tu veux bien rentrer le linge, il doit être sec. »
 Claire était incapable de rester à ne rien faire, et, je crois qu’elle ne supportait pas que j’aime à me prélasser. C’est une fourmi, ma sœur. S’activant à longueur de temps, du, matin au soir, du lundi au dimanche, toute l’année. Nous ne sommes jamais parties en vacances. Du moins, depuis que nous n’étions plus que toutes les deux. Même pendant mes congés annuels, nous ne nous accordons pas d’extras. Quelques soirées-barbecue en tête à tête tout au plus. En pénétrant dans la lingerie, je fus étonnée d’entendre ma sœur parler. Je ne comprenais pas ce qu’elle disait, mais au ton cérémonieux qu’elle employait, je savais qu’elle ne s’adressait pas à moi. A qui pouvait elle bien téléphoner ? Curieuse, je m’approchais doucement pour la surprendre et m’arrêtai stupéfaite. IL était là ! Notre voisin était là, déjà, dans notre salle de séjour, discutant avec ma sœur. La bonne trentaine, grand brun, à l’allure sportive. Plutôt l’air sympathique. Son regard se voulait amical pourtant il m’a glacée sur place, quand s’apercevant de ma présence, il me salua : 
« - Bonjour, Pierre Sarzac, votre nouveau voisin.
  -Monsieur Sarzac, continua Claire sur un ton solennel, tient à nous offrir un apéritif pour fêter son arrivée. 
- Je suis seul pour étrenner ma maison, précisa-t’il, aussi c’est une chance d’avoir de charmantes voisines. » 
Je trouvai désagréable et empreint de sous entendus le sourire qui avait conclu sa phrase. 

Et s’il était le petit fils de Landru ?
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29 décembre 2007 6 29 /12 /décembre /2007 23:33
 
 
En se glissant à travers les volets, le soleil s’était amusé à me réveiller.
Claire était déjà debout. Je l’entendais s’affairer dans la cuisine. L’odeur du café montait jusqu’à moi.
Il était neuf heures, et, si je ne donnais pas signe de vie rapidement, Claire s’acharnerait à passer l’aspirateur sur le palier, juste devant la porte de ma chambre.
Je me demandais souvent ce qu’elle pouvait encore aspirer ; elle passait ses journées à faire le ménage. Depuis des années.
Je ne travaillais pas le samedi. J’aurai aimé rester un peu plus au lit. Quitte à ne rien faire, autant rester couchée !
Mais Claire avait déjà dû me préparer une liste de choses à faire. De quoi occuper mon week-end !
 
                        Claire était plantée devant la fenêtre de la cuisine, les mains posées sur les hanches. Elle ne prit même pas la peine de se retourner pour me saluer.
« - tu as vu, on emménage à côté. », me lança-t-‘elle.
En me servant un grand bol de café noir, j’essayais d’apercevoir ce qui se passait à l’extérieur et m’étonnais à voix haute :
« - Qui peut bien avoir acheté cette vieille baraque ? 
-         D’après ce que j’ai pu voir, m’informa ma sœur d’un ton confidentiel, c’est un homme qui dirige le déchargement. C’est aussi lui qui est arrivé le premier. En voiture. Avant le camion.
-         - Quel sens de l’observation, plaisantai-je, pourtant nous n’avons guère eu l’occasion d’épier nos voisins ! »
-         Entre deux gorgées de café, je continuais à me moquer :
-         « -Heureusement que je travaille à l’extérieur, je peux, à loisirs, développer mon sens critique. Bénissons le ciel de nous envoyer des voisins ! Nous aurons enfin de quoi alimenter nos conversations pendant les repas !
- Je t’ai fait la liste des courses, me coupa Claire, elle est posée sur la table. Dépêche-toi un peu, on n’a rien pour ce midi. »
Mon week end palpitant commençait…
 
 
 
 
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21 décembre 2007 5 21 /12 /décembre /2007 23:40
Le soleil est presque couché maintenant.
Il disparaît à l'horizon fondant dans une grande traînée rouge.


C'est par une belle journée d'été que notre vie s'est révélée.
Il aura fallu peu de temps pour que notre histoire nous échappe.
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21 décembre 2007 5 21 /12 /décembre /2007 23:34
PREFACE

au fil des semaines vous retrouverez l'histoire de Flo et Claire que je vous présente ici sous forme de roman-feuilleton
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