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18 janvier 2008 5 18 /01 /janvier /2008 13:53
Après trois bonnes heures de corvées que ma sœur m’avait réservées, je m’étais installée sur une chaise longue, avec un livre acheté le matin. Je n’avais lu que quelques lignes que j’avais oubliées. Derrière mes lunettes de soleil, le livre n’était que prétexte à observer discrètement ce qui se passait dans la maison voisine. Cette petite ruse me permettait de me cacher davantage de Claire que des nouveaux arrivants. Nos deux maisons étant séparées par quelques bons mètres ! 

Apparemment, il n’y avait plus de va-et-vient . Les fenêtres étaient grandes ouvertes. Cela faisait des années que cette maison n’avait pas respiré. L’intérieur devait empester le renfermé, bien plus que le parfum de violette de Mademoiselle Mildieu. Elle avait été si gentille avec nous, que j’avais eu beaucoup de peine quand elle nous avait quitté. La vieille dame s'en était allée pendant son sommeil. Une belle mort, comme ils ont dit au village. Depuis que ses petits neveux étaient venus vider la maison, plus personne n’en avait ouvert la porte. A part peut être, pour la faire visiter à quelques rarissimes acheteurs potentiels. Difficile de vendre une vieille maison perdue au fond d’un chemin sans issue, dans un petit village distant d’une bonne demi-heure en voiture de la ville la plus proche. Quelle lubie avait poussé cet homme à venir s’installer dans cette vieille bâtisse, au fond de nulle part. J’aurai tant aimé partir d’ici, moi ! Le camion s’en allait et j’essayais de distinguer combien de personnes restaient à la maison quand Claire m’interpela : 
« - Flo, tu veux bien rentrer le linge, il doit être sec. »
 Claire était incapable de rester à ne rien faire, et, je crois qu’elle ne supportait pas que j’aime à me prélasser. C’est une fourmi, ma sœur. S’activant à longueur de temps, du, matin au soir, du lundi au dimanche, toute l’année. Nous ne sommes jamais parties en vacances. Du moins, depuis que nous n’étions plus que toutes les deux. Même pendant mes congés annuels, nous ne nous accordons pas d’extras. Quelques soirées-barbecue en tête à tête tout au plus. En pénétrant dans la lingerie, je fus étonnée d’entendre ma sœur parler. Je ne comprenais pas ce qu’elle disait, mais au ton cérémonieux qu’elle employait, je savais qu’elle ne s’adressait pas à moi. A qui pouvait elle bien téléphoner ? Curieuse, je m’approchais doucement pour la surprendre et m’arrêtai stupéfaite. IL était là ! Notre voisin était là, déjà, dans notre salle de séjour, discutant avec ma sœur. La bonne trentaine, grand brun, à l’allure sportive. Plutôt l’air sympathique. Son regard se voulait amical pourtant il m’a glacée sur place, quand s’apercevant de ma présence, il me salua : 
« - Bonjour, Pierre Sarzac, votre nouveau voisin.
  -Monsieur Sarzac, continua Claire sur un ton solennel, tient à nous offrir un apéritif pour fêter son arrivée. 
- Je suis seul pour étrenner ma maison, précisa-t’il, aussi c’est une chance d’avoir de charmantes voisines. » 
Je trouvai désagréable et empreint de sous entendus le sourire qui avait conclu sa phrase. 

Et s’il était le petit fils de Landru ?
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commentaires

T
C'est avec plaisir que je rejoins ta communauté. Merci
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A
Bonjour Timbalou! C'est avec du retard :( mais avec grand plaisir que je t'ouvre les portes de ma communauté "L'écriture dans tous ses états". J'espère que tu y trouveras un lieu de partage, de libre expression et de large diffusion de tes écrits.<br /> <br /> Amitiés,<br /> Alaligne
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